Savoir dire « non » au travail : ça s’apprend

Savoir dire « non » au travail : ça s’apprend
Article mis à jour le
28/9/2022

Dire « oui » à ses collègues ou à son chef, mais en réalité penser « non ».

Cela peut relever de l’hypocrisie pure et dure, mais derrière ce « oui » prononcé avec amertume se cache en réalité un mal être et des injonctions passées qui conduisent les comportements actuels en entreprise.

Répondre automatiquement par la positive à un collègue peut avoir des lourdes conséquences sur le quotidien en entreprise. Et pourtant, un refus peut être tout à fait légitime et bien perçu par le receveur.

Nous vous expliquons :

  • Pourquoi nous avons cette tendance à dire « oui » sans être sincère
  • Les effets néfastes d’un « oui » forcé
  • Comment identifier le refus au motif légitime
  • Comment savoir dire « non » au travail sans vexer ni avoir à se justifier

savoir dire non au travail

Pourquoi est-il si difficile de dire « non » ?

Ce « non » ne détient qu’une seule syllabe et les enfants de 2 ans prennent un malin plaisir à le prononcer, sans peur ni gêne. A l’âge adulte, nous pouvons être poussés à dire « oui » à la place, dans la vie privée ou en entreprise. Mais quelles sont donc les raisons de cet esprit de contradiction ?

5 drivers conditionnent notre vie 👇

Le terme « driver » signifie « conducteur » ou "guide". Certains messages nous ont tellement été répétés dans l’enfance qu’ils sont ancrés en nous, dans notre relation avec les autres. Nous sommes tous dominés par ces drivers, qui constituent le plus gros de notre personnalité et qui vont guider nos attitudes et nos convictions, dans notre vie privée mais aussi dans notre vie professionnelle.

Vous vous reconnaîtrez sans doute parmi ces 5 drivers, les voici.

Sois fort 💪

Ce type de personnalité est encouragé à être vaillant et courageux face à n'importe quelle situation. Il est orienté résultat, cache souvent ses émotions (positives ou négatives).

Des phrases qu’il a pu entendre à répétition :

  • « Arrête ton cinéma »
  • « Ne pleure pas »
  • « Affirme-toi donc »

Résultat : il cache sa peur, prend sur lui et ressent des difficultés à déléguer le travail.

Fais des efforts 😓

Ici l’objectif est de montrer qu’il ne faut pas reculer face à l’effort et que la persévérance paye. Un tel individu adore la complexité et le challenge, peu importe le résultat car seul l’effort compte.

Des phrases qu’il a pu entendre à répétition :

  • « C’était facile, tu n’as aucun mérite »
  • « C’est dans la difficulté qu’on apprend »
  • « Donne-toi un peu de mal »

Résultat : ne pas respecter les échéances est son principal défaut car il ne sait pas organiser sa charge de travail demandée et s’éparpille à faire des tâches annexes ou dans le détail.

Dépêche-toi ⏳

Un tel profil est réactif mais impatient. Il travaille rapidement et peut réaliser une grande quantité de missions en peu de temps.

Des phrases qu’il a pu entendre à répétition :

  • « Dépêche-toi »
  • « Tu es trop lent(e) »
  • « Quelle perte de temps »

Résultat : il respecte les délais mais exécute rapidement des tâches qui conduisent à des erreurs.

Fais plaisir 👏

Ce type de personnalité est gentil ou dévoué dans l’optique de ne pas décevoir pour avoir de bonnes relations. Dépendant affectif et de nature empathique, il se laisse envahir par les demandes pour ne pas culpabiliser.

Des phrases qu’il a pu entendre à répétition :

  • « Sois gentil(e) »
  • « Il faut apprendre à partager »
  • « Pense aux autres »

Résultat : il va faire passer les besoins des autres avant les siens.

Sois parfait(e) 🏅

C’est l’éternel insatisfait qui aime avoir le contrôle de tout. Grand perfectionniste, impliqué, il fait un travail de qualité mais a du mal à faire confiance et à respecter des délais.

Des phrases qu’il a pu entendre à répétition :

  • « Ce n’est pas suffisant »
  • « C’est fait à moitié »
  • « Tu peux mieux faire »

Résultat : il pense être mieux servi que par lui-même.

➞ Ce sont 5 drivers de motivation présentent des raisons et des avantages qui nous poussent à réaliser des choses. Mais ils ont aussi des inconvénients qui peuvent demander beaucoup d’énergie, et le point commun à tous ces drivers est qu’il est difficile de dire « non » car décevoir en serait la conséquence . L’éducation reçue pousse à dire « oui » par politesse ou par conviction et cela présente des effets néfastes.

Connaître ses drivers permet d’être conscient de son mode de « pilotage automatique » et c’est surtout l’opportunité d’améliorer ses relations avec les autres et avec soi-même.

Pourquoi est-ce important d’apprendre à dire non au travail ?

En général, les collaborateurs arrivent à deviner les répercussions que peut engendrer un simple refus. En revanche, un « oui » prononcé à contrecœur a un impact négatif qui est souvent négligé, à tort.

En voici les risques :

  • Une mauvaise performance : la surcharge de travail a comme conséquence de faire perdre en qualité d’exécution. En effet, prendre en charge un dossier à la dernière minute ne va pas vous aider à sortir la tête de l’eau si vous étiez déjà débordé. Savoir dire « non » permet de rester concentré sur ses priorités et ses objectifs pour avancer sur un projet et être efficace. Lire aussi : Optimiser sa gestion du temps de travail et des priorités
  • Une perte de crédibilité au travail : ne pas vous en sortir et devoir revenir sur votre « oui » est non seulement désagréable et déstabilisant pour votre interlocuteur, mais en plus cela fait de vous une personne peu fiable dans l'équipe.
  • Un manque d’épanouissement au travail : se sentir obligé de faire une chose déplaisante ou sans en avoir les capacités jouera sur votre manque de motivation au travail.
  • Une relation biaisée en entreprise : vous pouvez ressentir une rancœur envers la personne qui vous a demandé de faire une tâche, alors qu’elle n’est pas responsable de votre « oui » plein d’amertume. Ce serait lui en vouloir d’avoir formulé une simple demande.
  • Un manque de confiance en soi au travail : le regret de ne pas avoir eu le courage de répondre négativement va engendrer du stress, de la frustration et de la colère envers vous-même. Lire aussi : Comment gérer et combattre le stress au travail ?
  • Un manque d’ouverture au débat : pour exprimer ses idées, son avis sur un projet, ses convictions et ses valeurs, il est essentiel d’oser dire « non » au travail.

💡 Que ce soit à ses collègues ou à son manager, savoir dire non nous permet de rester concentré sur nos priorités pour avancer et être efficace

Contactez-nous pour cette formation : 👉 Savoir dire non avec assertivité

Les arguments de refus légitime au travail

Nous l’avons vu, dire « oui » à tout va peut avoir des répercussions négatives. Il est donc capital de se fixer des limites, pour se faire respecter mais aussi se préserver.

Mais il ne s’agit pas de formuler un refus systématiquement, il faut veiller à bien évaluer votre situation sur le moment, et à être en adéquation avec votre fiche de poste. Formuler un refus sur une instruction qui relève de l’autorité hiérarchique et de la fiche de poste relève d’une faute professionnelle. Ainsi, une personne ne peut pas décliner une demande de rédaction de compte-rendu de réunion alors qu’elle en détient les compétences et le temps correct pour le faire. Cependant, le « non » est légitime si cette instruction compromet les droits et la santé du salarié.

Comment oser dire non à son collègue ou son manager au travail ?

Un « non » sincère exprimé de façon assertive et légitime sera mieux perçu qu’un « oui » forcé ou hypocrite. En effet, dans votre communication il est préférable de faire preuve de transparence, d'authenticité, de bienveillance et de charisme. Nous vous livrons quelques techniques et conseils pour que vos collaborateurs puissent refuser plus facilement, avec raison et tact.

  • Être sincère : respectez votre demandeur et ne vous justifiez pas à foison, de façon à ne pas créer inutilement de la méfiance mais expliquez factuellement ce qui vous pousse à ne pas accepter. C'est la solution la plus simple.
  • Travailler sur ses émotions : à l’aide des différents drivers évoqués plus haut identifiez votre peur, et voyez si elles sont fondées ou pas. Puis, mesurez le danger potentiel. Par exemple : « Je voudrais refuser de faire une négociation auprès d’un fournisseur dont je ne maîtrise pas le domaine, mais j’ai peur que les relations avec mon responsable se dégradent et qu’il revienne sur sa décision quant à ma promesse d’évolution de carrière ». Est-ce que mon refus va réellement impacter la perception qu’il a de moi ? Ensuite vous pouvez travailler sur votre colère à la suite d’une demande qui vous a contrarié, celle qui va dégager une énergie. Vous pourrez exploiter cette énergie autrement, en exprimant un refus plutôt que la garder en vous après avoir dit « oui ».
  • Rester ouvert à la discussion et proposer des alternatives : une bonne formule pour oser dire « non », de manière saine et ouverte, est de produire un débat productif et constructif. En revanche, il est primordial de pouvoir donner les raisons, les arguments valables ainsi que des alternatives pour montrer que vous comprenez la demande. Par exemple, une réunion peut devenir un moment où l’on accueille les divergences de points de vue, et où de nouvelles idées naissent dans la confrontation.
  • S’autoriser à réfléchir avant de dire « non » : sans avoir l’habitude de répondre par la négative, demandez tout simplement un temps de réflexion de façon à réfléchir à votre manière de vous exprimer. Vous prendrez ainsi du recul en pesant le pour et le contre et pourrez argumenter votre refus pour que votre interlocuteur puisse faire preuve d’empathie envers vous en comprenant votre situation. Exemple : « Je ne peux malheureusement pas t’aider, je suis moi-même débordé ».
  • S’entraîner à dire « non » : progressivement, utilisez ce mot au bureau comme dans votre vie privée. Vous ressentirez une sorte de challenge au début, puis une légitimité par la suite. Evitez de tourner autour du pot : « J’aurais bien voulu mais là tu comprends c’est difficile ». Libérez le « non » en l’acceptant, en acceptant aussi ses conséquences et affirmez-le. Après chaque refus, observez bien la réaction de votre interlocuteur. L’inconfort s’estompera au fur et à mesure.

Conclusion

Savoir dire “non” au travail est un gage de sérieux et de connaissance de ses missions et de ses limites. Avant de vous affirmer auprès de l'équipe ou du patron : définissez vos capacités maximales, prenez le temps de la réflexion pour formuler une réponse à une demande, mais aussi du recul. Mais avant tout, faites-vous confiance dans vos choix.

Le premier « non » sera le plus dur à exprimer, mais vous verrez avec le temps qu’il n'invite pas nécessairement au conflit et présente de nombreux avantages.

☞ Cet article vous a plu ?

Nous vous invitons à compléter votre lecture avec notre Livre blanc à télécharger :

Livre blanc 📓 : Les Soft Skills incontournables dans l'entreprise de demain

savoir dire non au travail