Avec le développement des outils numériques, l’hyperconnectivité change totalement les habitudes de travail.
Se rendre disponible 24 h/24, rallonger les heures de travail, la frontière entre vie privée et vie professionnelle s’amenuise de plus en plus.
Par ailleurs, la propension à utiliser le télétravail n’arrange en rien cette tendance à être hyperconnectés. Cependant, force est de constater que ces nouveaux comportements n’ont aucun bénéfice, bien au contraire. En effet, l'excès de connexion au travail aurait même des effets contreproductifs et serait à l’origine d’un nouveau type de mal-être au travail.
Alors, quels dangers pour les salariés et comment préserver le droit à la déconnexion ?
Vérification constante des e-mails, disponibilité 24 h/24et 7 j/7, téléphones jamais éteints, ces comportements sont devenus chose courante. La frontière entre vie personnelle et vie professionnelle n’existe plus.
On considère qu’il y a hyperconnectivité dès lors que l’on passe plus de 4 h 22 derrière les écrans.
Selon un sondage BVA, on constate même que les cadres peuvent aller au-delà des 4 h 22, passant presque 7 h 13 derrière ceux-ci.
Si la tendance à se connecter dans la vie personnelle tend à devenir le mal du siècle, 42 % des Français ayant 3 objets connectés à la maison, l’hyperconnexion au travail est aussi croissante. En effet, les cadres passent la majorité de leur temps à consulter leur messagerie et 80 % d’entre eux s’y connectent pendant leurs jours de congé. Ainsi, les habitudes de sur connexion tendent à se transformer en hyperconnexion. C’est-à-dire, le fait de rester en permanence en contact avec son travail et celui de répondre immédiatement aux sollicitations qui en découlent. Bien évidemment, ces nouvelles attitudes ou habitudes de travail ne sont pas sans conséquence pour les collaborateurs.
Lire aussi : Bonnes pratiques du télétravail et management à distance : comment les harmoniser ?
De nos jours, l’impact de la connexion excessive au travail fait naitre de nouveaux risques pour la santé des collaborateurs. Selon les personnes interrogées pour l’enquête BVA, 56 % attribuent leurs problèmes de sommeils à l’hyperconnexion, 76 % pensent qu’elle est responsable de la baisse de leur vue. Certains encore pensent à 57 % que leur baisse d’activité physique lui est due et 18 % la rendent responsable de leur baisse de moral.
Au travail, cette addiction au numérique a de nouveaux impacts et des risques de l’hyperconnectivité sur les salariés sont nombreux. Les risques les plus fréquents sont l’épuisement au travail (le burn out), baisse de concentration, hausse du stress. Pour peu qu’il n’y ait aucune reconnaissance de la part de la hiérarchie, le risque de tomber en dépression est grand et elle peut être reconnue comme cause d'accident du travail.
Les études le prouvent, la tendance à se connecter ne permet pas d'être plus productif en entreprise, bien au contraire.
Ainsi, il n’est pas rare de voir apparaitre de nouveaux problèmes au sein des services.
Mais là, n’est pas le seul problème. En effet, les risques de l’hyperconnectivité sur l’entreprise sont également d’ordre pénal.
Depuis la reconnaissance du droit de déconnexion, tout employeur a l’obligation légale de préserver le bien-être de ses collaborateurs et de limiter leur charge mentale. Tout manquement au droit à la déconnexion des salariés peut donner lieu une lourde peine.
Lire aussi : L’hyperconnectivité accentuée par le télétravail : 4 raisons de faire du droit à la déconnexion un réflexe
Qu'est-ce que le droit à la déconnexion ? Faisant partie intégrante de la loi El Khomri du 8 août 2016, il s'agit d'une mesure qui attribue à chaque salarié le droit de séparer la vie privée de la vie professionnelle. Cette disposition s’applique particulièrement en cas de télétravail ou pour les employés ayant un statut de cadre. Concrètement, ce droit oblige l’employeur à ne pas contacter ses employés en dehors de leur temps de travail ni de leur confier des tâches.
Si le droit de déconnexion fait jurisprudence depuis plusieurs années, il n’est apparu dans le Code du travail qu’en 2016. Plus particulièrement depuis la mise en place de négociations obligatoires portant sur la démarche Qualité de vie au Travail (QVT).
Néanmoins, le Code du travail ne faisant pas état de mesures concrètes, il incombe à l’employeur de le faire. Ainsi, il doit définir des mesures concrètes favorisant la déconnexion et organiser tout protocole ou négociation en découlant.
Avec l’évolution des méthodes et habitudes de travail, les salariés ont plus d’autonomie grâce aux NTIC (Nouvelles technologies d’information et de communication). Si l’organisation du temps de travail est plus souple, le droit de déconnexion impose néanmoins des obligations contractuelles à l’employeur.
Parmi celles-ci on peut citer :
Le recours aux NTIC doit être raisonné et régulé. Il incombe à l’entreprise d’y veiller.
À regarder les résultats d’un sondage conduit en 2019 par Qapa :
67 % des Français ne coupent pas totalement avec le travail durant les vacances.
C’est ce que tend également à confirmer l’étude IFOP conduite en 2017. Si les cadres continuent à consulter leurs mails durant les vacances, 40 % des collaborateurs se sentent coupables de ne pas le faire.
L’objectif du droit de déconnexion du Code du travail est de veiller à ce que les durées maximales de travail soient respectées. Il en va de même pour le temps de repos des salariés. Le but étant d’éviter que le collaborateur soit constamment sollicité et notamment pendant son temps de repos.
Ainsi, les règles sont les suivantes :
La pratique de l’hyperconnectivité au travail conduit très facilement au surmenage des salariés. De ce fait, il convient de mettre en place des mesures pour réduire le stress, la charge mentale ou encore l’épuisement liés au travail.
Parmi celles-ci en tant que manager ou chef d’entreprise vous pouvez :
L’apparition du droit à la connexion dans le Code du travail vient en complément des mesures prises pour améliorer la Qualité de Vie au Travail.
Comme nous l’expliquons dans notre article sur la démarche QVT et le management à distance, il est impératif de maintenir l’équilibre vie privée et vie professionnelle. En effet, l’hyperconnexion touche 79 % des télétravailleurs.
La sensibilisation à l’hyperconnexion et l’incitation à se déconnecter font partie intégrante de la QVT. C’est de votre responsabilité en tant qu’employeur ou manager de veiller au bon équilibre vie professionnelle/vie privée. Alors, même en télétravail des solutions existent pour partager des moments de détente et préserver le droit de se déconnecter.
Même si ce droit a mis longtemps à être intégré au Code du travail, il est de votre devoir d’employeur de veiller à la santé et à la sécurité de vos salariés. Aussi, collaborateurs et managers de votre entreprise doivent être au courant des mesures concernant le droit à la déconnexion par le Code du travail. Vous avez du mal à vous assurer que chacun ait connaissance des risques liés à l’hyperconnectivité et du droit de déconnexion ? Le mieux est de formaliser toutes les mesures dans une charte du droit à la déconnexion que vous pourrez transmettre à vos salariés et à vos managers.
Par ailleurs, celle-ci pourra être accompagnée d’une formation de droit à la déconnexion pour la sensibilisation de vos managers.
💡 Le télétravail bouscule les méthodes de travail et nécessite une certaine adaptation.
La peur de mal faire, d’être mal jugé par un supérieur hiérarchique ou tout simplement le fait de ne pas savoir se déconnecter induisent un mal-être chez les collaborateurs. Néanmoins, pour éviter les risques psychosociaux et le burn out, plusieurs mesures sont à prendre pour préserver votre droit de déconnexion.
De nombreuses messageries permettent d’intégrer des messages de réponses automatiques en cas d’absence du bureau ou lors de congés. Ainsi, vous devez activer ces messages durant vos absences et y intégrer le nom et les coordonnées des personnes à contacter en cas d’urgence.
En ce qui concerne la consultation des messages, elle ne doit être réalisée que pendant les horaires de travail. En complément, vous pouvez programmer l’envoi des mails.
Vous vous accordez une plage off ? Alors, désactivez les notifications. Vous travaillez en télétravail et on vous propose une réunion en visio conférence ? Acceptez l’invitation uniquement pendant les heures de travail.
Par ailleurs, certains créneaux horaires sont propices à l’endormissement. Dans ce cas, accordez-vous une power-nap, autrement dit une sieste réparatrice. Cette micro sieste d'une durée de 15 à 20 minutes permet de retrouver de la vitalité pour tout l’après-midi.
Enfin, vous pouvez également programmer une journée « digital detox » afin de profiter de ses bienfaits, c’est-à-dire vous passer de votre smartphone pendant une journée et ainsi traiter des sujets de fond. Dans ce cas, n’oubliez pas de prévenir vos collègues.
Comment réduire la charge mentale ? Il est essentiel délimiter les canaux de communication. Skype, WhatsApp, Microsoft Teams… le collaborateur est sollicité en permanence. Pour parvenir à se déconnecter, il convient de limiter les différents canaux et de ne pas multiplier les notifications.
L’hyperconnexion crée facilement une sorte d’addiction et de dépendance. Ainsi, pour certains il est vraiment difficile de se déconnecter. L’angoisse de ne pas être joignable ou de louper un mail important créent une réelle charge mentale. Il est donc primordial pour vous d’apprendre pour les collaborateurs à se déconnecter. Plusieurs solutions existent :
En tant que supérieur hiérarchique, le manager se doit de veiller au respect du droit de se déconnecter. Ainsi, s’il doit veiller à ce que des mesures soient prises, par exemple via une charte de droit à la déconnexion, le manager doit également montrer l’exemple.
Dans certaines entreprises, il n’est pas rare que les mails tombent en fin de journée. De fait, le salarié se sent comme obligé d’en prendre connaissance immédiatement voir d’y répondre. Outre une augmentation de la charge mentale, cela engendre souvent des heures supplémentaires. Le rôle du manager est donc de savoir distinguer entre urgent et important.
En tant que manager, il se doit de réguler la charge de travail pour éviter le recours aux heures supplémentaires. De plus, il suffit de mettre en place des outils pour promouvoir le droit de se déconnecter et informer le collaborateur qu’il n’est pas obligé de répondre immédiatement à un mail.
Chercher à promouvoir le droit à la déconnexion, c’est s’assurer que chaque salarié en soit informé. Ainsi il est prévu des mesures pour le respect de ce droit à la déconnexion dans le Code du travail. Les mesures que vous pouvez mettre en place dans votre entreprise sont les suivantes :
Entre nouvelles technologies et nouveaux modes de travail, il devient urgent de préserver la bonne santé mentale et le bien-être des collaborateurs. Alors, si ce droit ne donne pas encore lieu à de véritables sanctions, la productivité quotidienne repose sur l’intégration de concepts clés :
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